Les Boréales – Sweet white – Apprivoiser la page blanche
Nous voilà déjà au dernier rendez-vous de la semaine dédiée au Blanc dans le cadre de notre projet Les Boréales. Pour moi qui ne publie généralement que dans l’instantané, préparer des articles dans un contexte imposé a été une expérience très enrichissante qui me donne l’envie folle de travailler encore et encore pour fournir sur ce petit espace du contenu de qualité. Merci à vous pour le bel accueil que vous nous avez réservé ! Quant à ce dernier article, il tombe sous le sens, et j’espère de tout coeur qu’il saura clôturer comme il se doit cette semaine immaculée.
J’écrivais sur ce blog il y a quelques temps que l’acte d’écrire n’était, à mon sens du moins, ni facile ni anodin. Difficile de croire, une fois les mots bien alignés, rythmés, rimés même, que derrière un simple texte s’est quelquefois jouée une bataille de quelques heures dont le protagoniste, seul au monde, s’en est sorti – Dieu soit loué – avec un mal de tête carabiné. Dans un monde où tout semble avoir été pensé pour nous distraire, nous sommes nombreux à déplorer de grandes difficultés à nous concentrer. Exposés à 17352 stimuli au cours de la journée, nous focaliser sur une seule et unique tâche peut s’avérer terriblement paralysant. On contourne, on se disperse, on ferme les yeux, on prend la fuite, comme s’il on avait désappris à nous confronter à nous-mêmes dans le silence assourdissant de notre for intérieur.
Alors, écrire ! Mes mains, ma tête et la page blanche. Des intuitions, une vague idée, tout à créer. Si je devais partager avec vous mon plus grand apprentissage relatif à la démarche d’écriture, c’est qu’il ne faut jamais attendre « le bon moment » pour se mettre à rédiger. S’il y a bien des conditions susceptibles de favoriser la concentration, rien ne sert par contre d’espérer qu’un jour nous tombe dessus, dans une pluie de paillettes-papillons, la providentielle inspiration. Ecrire, ça se travaille. Même si ça fait mal.
Comment apprendre à faire face sans ciller à l’intimidante page blanche ? Comment ne pas céder à l’appel du grand Internet ou du four à préchauffer (team « je fais des gâteaux pour décompresser ») ? Je n’ai pas de réponse miracle à ces questions mais j’ai, en revanche, quelques solutions à vous proposer.
Mettre en place une routine d’écriture
De tous les conseils, celui-là me semble de loin le plus important. Plus on écrit, mieux on écrit et moins l’acte d’écrire apparaît effrayant. Et la meilleure manière de s’assurer d’écrire au quotidien, c’est de se fixer chaque jour le même rendez-vous. Cela peut être le matin, au sortir du lit avant la douche ou juste après le petit-déjeuner, cela peut-être en rentrant du boulot ou encore le soir juste avant d’aller se coucher. Une fois le moment idéal trouvé – il faudra sans doute expérimenter -, il ne reste qu’à se demander : que diable vais-je bien pouvoir écrire ? J’aimerais vous dire « peu importe » mais voilà quelques idées :
- Le matin, exprimer son état d’esprit face à la journée qui vient, pour l’entamer l’esprit un peu plus vif, un peu plus clair.
- Le soir, tenir un journal de la journée passée, l’extériorisation aide à prendre du recul, à délier les noeuds et peut favoriser par conséquent l’endormissement.
- C’est Victoire qui, la première, m’a parlé des « pages du matin ». Le principe est simple : écrire chaque matin tout ce qui nous passe par la tête sans nous relire, sans nous censurer, jusqu’à atteindre trois pages, quoi qu’il arrive. Pour l’avoir essayé durant quelques jours, j’ai été bluffée par le pouvoir de cet exercice qui libère peu à peu – et c’est là tout le but escompté – la créativité.
- S’en remettre à un challenge d’écriture pour nourrir l’inspiration, il en existe énormément. Vous en trouverez notamment par ici.
Créer un environnement propice à la concentration
J’ai déjà abordé cet aspect-là précédemment, mais j’insiste. Cela peut être une pièce, un bureau ou un stylo particulier, une lampe, un casque sur les oreilles, une bougie, un thé ou un café. Nul besoin de se forcer à s’asseoir à la manière académique à un bureau pour se concentrer, faites confiance à votre intuition. Créer un rituel autour de la routine d’écriture vous aidera à mobiliser plus rapidement votre attention.
Ne pas se censurer
Le pire ennemi de la progression est l’auto-censure. Si la nature et la destination du texte l’autorisent, faites l’apprentissage d’écrire sans vous contraindre, sans vous relire, sans vous arrêter et vous vous surprendrez vous-mêmes par ces mots qui viennent tout seuls mais que vous pensiez pourtant avoir oubliés.
Se déconnecter
On le voit venir de loin ce conseil-là, vous ne trouvez pas ? On nous le rabâche sans cesse : coupez internet, travaillez en mode plein écran, éloignez-vous de votre portable,… Et pourtant, c’est la vérité. Rien ne vaut une coupure radicale (mais temporaire) de ce type de distractions pour favoriser la concentration.
Transporter un carnet
On a tous des carnets qui trainent dans un tiroir, encore vierges ou à peine entamés. C’est le moment d’en saisir un au hasard et de le fourrer dans votre sac pour la journée. Non seulement il constitue un réceptacle à idées salvateur pour les jours où l’inspiration viendrait à manquer, mais il peut être également dégainé à chaque temps mort, à chaque attente, autant d’occasions qui pourraient être le point de départ de belles histoires. On y croit ? :)
Et vous, quelle est votre relation à la page blanche ? Quels stratagèmes avez-vous développés ?
Si vous les avez manqués, les articles Les Boréales de la semaine dédiée au blanc sont par ici :
Les guirlandes en papier d’inspiration ethnique (Le plus bel âge)
Un gâteau nuage à la mousse de yaourt (Miss Blemish)
La pâte à tartiner au chocolat blanc (Le plus bel âge)
Un carnet dans lequel on ose écrire (Miss Blemish)
janvier 23, 2015 @ 07:23
Je trouve cet article tellement sensé, et tellement inspirant !
janvier 24, 2015 @ 17:34
Merci Marion ! :)
janvier 23, 2015 @ 08:01
« Plus on écrit, mieux on écrit et moins l’acte d’écrire apparaît effrayant. » Cette phrase est particulièrement vraie… L’habitude d’écrire se perd vite, et une fois qu’elle est perdue, difficile de la reprendre… Merci pour cet article très utile :)
janvier 24, 2015 @ 17:36
Oui, l’écriture est si difficile à dompter. C’est important d’apprendre à la démystifier, à la dédramatiser.
janvier 23, 2015 @ 08:56
:-)
janvier 24, 2015 @ 17:37
Merci encore pour cette belle découverte <3 (même si, soyons honnêtes, je n’ai tenu que 5 jours d’affilée)
janvier 23, 2015 @ 10:10
Également adepte de l’écriture du matin, une à plusieurs fois par semaine. Les conditions propices pour moi, c’est après la douche, seule et au calme, avec un thé chaud et une couverture en laine sur les genoux! Je l’appelle « l’écriture automatique »: j’écris sans trop réfléchir tout ce qui me vient à l’esprit et sans me relire. Très bénéfique pour démarrer la journée avec l’esprit plus clair!
janvier 24, 2015 @ 17:40
Oui, tellement bénéfique. J’aimerais beaucoup avoir le temps d’écrire le matin, il faudrait que j’apprenne à me lever aux aurores, pas si simple. C’est top que tu aies la possibilité de prendre ce temps-là pour toi !
janvier 23, 2015 @ 13:49
Très bel article qui clôt joliment les boréales : )
janvier 24, 2015 @ 17:40
Merci beaucoup Vivyane :)
janvier 23, 2015 @ 20:01
Je suis plutôt pour l’écriture à des heures aléatoires. Parfois ce n’est pas du tout le moment mais la phrase résonne obsessionnellement dans ma tête et « il faut » que je la note avant de la perdre (et de piquer une colère contre moi-même) (puéril et stérile).
Mais à l’époque où j’écrivais vraiment beaucoup, c’est vrai que je pouvais écrire 4-5 pages par jour en-dehors des textes qui étaient en cours de travail (mais j’étais au lycée, pas dans le supérieur… On n’a plus de temps quand on a 17 ans).
janvier 24, 2015 @ 17:42
Oui, bien entendu. Je pense qu’il importe de faire la différence entre l’écriture « exercice » et l’écriture de textes mûris et inspirés.
janvier 23, 2015 @ 21:06
Merci beaucoup pour cet article <3 Ca fait un moment que je suis à l'abri de la page blanche, j'ai un carnet où je note toutes mes idées d'articles, donc j'en ai un énorme stock ! Je fais des brainstormings régulièrement si jamais je vois le nombre d'idées diminuer, mais généralement les idées qui me viennent toutes seules suffisent déjà.
janvier 24, 2015 @ 17:47
Ahlala, rien ne vaut le bon vieux carnet. A condition d’avoir le réflexe d’y noter de tout et de rien régulièrement :)
janvier 25, 2015 @ 12:21
Cet article fait du bien, merci beaucoup. J’aime écrire mais j’ai beaucoup de mal à m’y mettre et à me concentrer, je suis dans la fuite de la page blanche. J’y travaille, pas facile tous les jours mais déjà, j’ai appris une chose. Ce n’est pas une obligation d’écrire en tapant sur l’ordinateur. Je suis plus à l’aise avec une feuille de papier et un crayon. Et quand ça me va, je transcris sur l’ordi.
Merci beaucoup pour tes conseils, établir une routine est une très bonne idée, moi qui attendais toujours l’inspiration ^^
janvier 29, 2015 @ 23:15
C’est fou, apprivoiser l’écriture peut peut vraiment par des déclics tout simples comme dans ton cas : passer de l’ordinateur au papier. Si l’on travaille sur cette fuite, nos efforts ne peuvent que payer. Je te souhaite d’y arriver :)
janvier 26, 2015 @ 17:56
C’est un article que je trouve très juste. Mais la « panne », dans mon cas, ne vient pas tant de l’inspiration que de la concrétisation, le travail concret. Une fois que les idées sont trouvées, agencées, les plans détaillés bien complets, les fiches de personnages etc., et qu’il s’agit d’écrire la pièce finale, c’est là que je me rends compte de l’énergie nécessaire, de la quantité de travail, parfois difficile à concilier avec une activité professionnelle à temps plein.
Je trouve en effet que la routine est la meilleure recette, notamment parce que cela retire l’aspect ‘prise de décision’ de trouver le temps d’écrire. Ce jour-là, à cette heure-ci, je me mets à écrire sans me donner le temps de trouver une excuse pour faire autre chose. Je suis d’accord que cela nécessite de l’expérimentation pour trouver le moment qui convient le mieux. En ce qui me concerne, c’est le petit matin, mais après le café/petit déjeuner. Merci beaucoup de partager toutes ces ressources, en tout cas!
janvier 29, 2015 @ 23:18
C’est intéressant, tu partages là une problématique un peu différente que celle que je rencontre, à savoir que tu sembles écrire des textes de type long. Il faut tellement de discipline et de recul pour y parvenir, je suis toujours impressionnée par ce type de travail. Alors avec un job à plein temps. Je te souhaite de tout coeur de parvenir à la trouver, cette fameuse énergie !
janvier 27, 2015 @ 11:20
Merci beaucoup pour cet article !
J’étais justement en train de commencer à paniquer et à m’angoisser en me disant : allez tu vas bien réussir à te concentrer sur une seule chose, faire quelque chose de ta journée où tu pourras te dire qu’elle a été bénéfique…
Je me suis tout de suite reconnue dans l’article et se dire qu’on est pas seule à ressentir cela fait un bien fou et apaise en quelque sorte.
A la recherche de travail… Pas facile tout les jours on a l’impression de se ramollir, ne rien faire… Je déteste ça !
Je suis pas quelqu’un qui se laisse allez normalement.
C’est pour ça que passer du temps sur les blogs permet aussi de se sentir moins seule, besoin de s’exprimer pour se libérer de tout ces noeuds qui s’accumulent…
Je vais donc essayer vos exercices d’écriture =).
Merci
janvier 29, 2015 @ 23:20
Sois rassurée immédiatement, je pense que peu de personnes qui « écrivent » (c’est un bien grand mot, on peut caser tellement de choses derrière ça) ne connaissent pas la fuite. Je pense que ce rapport très complexe constitue une des plus grandes richesses de l’écriture finalement.
janvier 27, 2015 @ 13:00
J’avais au lycée, une professeure d’histoire que j’adorais, une grande Dame sévère et vieux jeu, qui savait imposer le respect et en même temps savait rendre ses cours passionnants. Elle nous avait donné comme conseil, pour écrire et améliorer son style de se forcer tous les jours à écrire ce qui nous passait par la tête. Cela rejoint tes 1ers conseils et je peux confirmer que cela porte ses fruits!
janvier 29, 2015 @ 23:21
Ah les profs qui nous laissent ce genre de souvenirs sont si précieux ! J’adore ce genre d’histoires :)
janvier 28, 2015 @ 05:03
Je découvre ton blog, ma soeur m’a envoyé un lien vers ton article sur « les introvertis », sachant que cela me parlerait. Quel coup de coeur, que c’est joli chez toi, j’ai hâte de revenir régulièrement et de te lire :)
janvier 29, 2015 @ 23:21
Merci beaucoup Emilie, ton commentaire me touche beaucoup. Bienvenue par ici <3
janvier 28, 2015 @ 15:38
Je découvre ton blog que je trouve très beau. Un grand bravo pour tes photos très esthétiques !!
janvier 29, 2015 @ 23:22
Un tout grand merci Julia ! :)
mars 6, 2015 @ 17:32
Ha cet article a vraiment résonné en moi. C’est tellement vrai. Je lisais « nous sommes nombreux à éprouver de grandes difficultés à nous concentrer », et hop, j’étais déjà prête à zapper et à passer à la prochaine page Internet. Tellement facile de se laisser tenter par tout ce qu’on pourrait lire ou regarder sur le web. De bons conseils pour résister!